samedi 21 avril 2012

Un Système producteur de Mort.



Sous le titre « Le poison de l’Industrie »,  le journal Le Monde, dans sa rubrique « Écologie », relate l’histoire présente d’une grande société chimique (Arkhama, 1800 ouvriers). Considérant son affaire comme non rentable, le propriétaire arrête la production et brade l’ensemble à un fonds spéculatif suisse, mettant sur le carreau ses 1800 ouvriers. Or, il se trouve que les produits chimiques fabriqués depuis des années sont toxiques et ont été à l’origine d’affections plus ou moins graves chez nombre de travailleurs, mais aussi mortelles.

Au combat mené contre les propriétaires anciens ou nouveaux,  pour garder une activité rémunératrice, s’ajoute la fondamentale question de la suppression d’une production mortifère touchant les ouvriers, les populations environnantes et les utilisateurs,  suppression assortie du combat pour la recherche d’une solution garantissant le maintien du revenu des salariés concernés.

C’est ce double combat qui a été évoqué, sous des angles différents, dans une émission de France Inter(1) ainsi que par l’association « Pièces et Main d’œuvre »(2) qui bataille contre la nocivité des nouvelles, anciennes et inutiles productions. Elle lutte en effet contre ce que le journal Le Monde appelle les « Poisons de l’Industrie » issus de l’idéologie productiviste, consumériste du capitalisme,  fruits d’une logique de croissance, d’une « Science sans conscience » mettant l’homme au service de la machine au lieu de l’inverse.

Dans ce double combat deux logiques s’affrontent : l’une limite son objectif à la remise en activité de l’usine pour produire le même matériau, mais en obtenant du propriétaire des garanties pour une meilleure sureté et un contrôle accru du mécanisme de réduction des effets nocifs de la fabrication du produit. L’autre remet en question cette solution et estime nécessaire d’arrêter la fabrication d’un tel poison.

Il va de soi que, dans cette deuxième hypothèse, et pour régler le problème du revenu des ouvriers ainsi que l’élaboration d’un projet de reconversion de l’outil de travail, seule l’expropriation du propriétaire de l’usine et sa prise de possession par le collectif ouvrier constitue un facteur de succès dans ce combat.

Sont alors remis en cause le droit pour le capital de confisquer à son profit la richesse produite par les seuls salariés, de même que l’appropriation et la direction par le capitaliste de l’outil de travail. Enfin c’est la disparition du contrat inégalitaire de travail, le salariat, au profit du contrat égalitaire coopératif et mutuel.

Il s’agit donc bien de ne pas nier que le fonctionnement du système économique capitaliste est irréversible et ne peut survivre que dans la croissance permanente du couple produire et consommer. Aucune régulation de ce mécanisme ne doit nuire à son efficacité. Les organes de contrôle de la production de biens et services, quand ils ne sont pas directement tenus par les agents du capitalisme, ne peuvent être que des freins à contourner ou des faux semblants, quelque soit la volonté et la morale de leurs responsables. L’exemple des agences de sureté sanitaires, nucléaires, industrielles en général illustre ce phénomène. Elles n’ont pu éviter les récentes catastrophes. L’objectif  du profit maximum, soit par entente, soit par absorption, soit par élimination du concurrent est incompatible avec l’intérêt général et la vie même des sociétés. La fin justifiant les moyens, le principe même du Contrôle est attentatoire aux fins poursuivies. Cicéron disait déjà : Qui contrôlera les contrôleurs ? (« Quis custodet custodes ipsos ? ».)

Pour conclure, en cette période de destruction avancée du tissu industriel français et du reste des protections sociales des travailleurs, de l’effarant gonflement simultané des profits du Capital et de la pauvreté, il apparaît indispensable de ne pas accepter l’inacceptable. Au moment ou se déroule le défilé des marionnettes de la « Foire  du Trône » citoyenne, ou les pires ennemis de l’environnement sont ceux qui, prétendant le défendre, mènent la dure bataille pour poser leur postérieur sur un siège de député, il est temps de rompre avec les structures économiques, sociales bâties par la « Féodalité financière », étayées par une Constitution monarchique issue du Coup d’État d’un général, fruit de la démission et de la lâcheté des « représentants du Peuple ».

Dans le journal Le Monde du 18 avril, on pouvait lire les réponses de deux jeunes interrogés sur ce qu’ils souhaitaient voir jaillir du vote présidentiel. L’une parle de « grandes messes pour accéder au misérable trône de France…moisi de l’intérieur ». L’autre est sans appel : « Un taux record d’abstention ».  Grace au combat aboutissant à une volumineuse abstention, disait Proudhon, le pouvoir est mis hors la loi. L’insurrection est légitime.

  
(1) Émission « Là bas si j’y suis » du mercredi 4 et du jeudi 5 avril 2012…
(2)  Pièces et Main d’œuvre.