mercredi 10 octobre 2012

CERTAINS LIBERTAIRES ET L'ISLAMOPHOBIE


Aux  Paranos ( par anars)  de l ‘Islam





LE CHEMIN DE DAMAS



On désigne ainsi la route que le juif SAÛL, futur  ST Paul suivait pour se rendre à Damas et sur laquelle il fut converti à la suite d’un Miracle : Il vit le Christ !

L’expression« Trouver son chemin de Damas » signifie se convertir, s’amender, se corriger, se reprendre, se guérir de, se défaire de…

Juif rigoriste, chargé d’endoctriner les « Gentils », les païens, les « Goïm », les non chrétiens, SAUL se convertit au christianisme et poursuivit son travail de propagation religieuse, mais cette fois, non plus pour Jéhovah mais pour Jésus Christ. Il fut l’Apôtre des « Gentils ».

St Paul, appelé avant sa conversion du nom juif de SAÜL fut un prosélyte zélé et efficace de la religion chrétienne. Son influence, dispensant les « Gentils » de la circoncision et autres prescriptions judaïques dégagea la religion nouvelle du Judéo Christianisme et la répandit dans le Monde méditerranéen.

Sa doctrine (Paulinienne) est une mystique du Christ rédempteur de l’Humanité déchue.
L’Église est à la fois « le Corps visible et invisible du Christ ».  

On peut imaginer qu’aujourd’hui, sur Le Chemin de Damas, si SAÛL eut rencontré Allah, nous serions tous mahométans…sans être surs d’être dispensés de circoncision.

Cette hypothèse s’appuie sur le fait que Mahomet voyageait aussi en Syrie (Damas)  pour le compte de sa riche commerçante devenue sa première épouse. En outre Il eut aussi une révélation miraculeuse : Il eut la vision céleste de l’Archange Gabriel… Saül, lui, s’était trouvé nez à nez avec Dieu, devant le Christ, sur le « Chemin de Damas ». Mieux vaut avoir affaire à Dieu qu’à ses saints ou ses archanges. Donc « avantage St Paul


Mais l’idée de se reprendre, de se guérir  grâce à la découverte du « Chemin de Damas » ne concerne pas seulement les mystiques de tout poil, qu’ils le soient à mi temps ou à plein temps. Changer de dieu, de prophète ou de tout autre maître n’est pas « se guérir », se corriger, retrouver ses esprits. Avoir des visions a toujours été une porte de sortie du réel. Le visionnaire, le « Nabi » comme l’appellent hébreux et arabes est un rêveur, un songe-creux, un  illuminé, un imaginatif, un allumé, un halluciné. Grand bien lui fasse sa vision. Nous avons tous nos rêves et nos créations imaginaires, mais nous ne jouons pas les gourous, petits commerçants faisant la réclame pour vendre nos rêves en les maquillant en réalités.

Ces prophètes ces envoyés de Dieu, ces missionnaires dont l’objectif est de rayer la pensée de notre cerveau au profit de la croyance, se protègent derrière leur armure sacrée de serviteurs du Surnaturel. Ils ont choisi de croire plutôt que de penser, de faire croire et non faire penser, ils ont choisi . Ils jouent sur du velours car chacun d’entre nous, même s’il en a la volonté, ne se débarrasse pas aisément  du sacré. Ce sacré baigne, en effet, toute sa vie sociale et personnelle. Quant aux maîtres, aux chefs politiques et économiques, ils se frottent les mains. La culpabilité et le péché éternels, la vie au paradis après la mort ne stimulent pas la contestation. Prêcher la soumission à un dieu ou à un maître vaut son pesant d’or. Comme le dit Proudhon, « Islam, Résignez vous ».


ISLAM   quand tu nous tiens …


A propos d’Islam, un « appel »(1) vient de paraître condamnant l’  « Islamophobie ». Il semble paradoxalement émaner de certains libertaires, ou se prétendant tels. Trois pages pour « condamner » un mot qui n’est jamais défini, sauf après une page et demi de cris de condamnation, pour dire : « L’islamophobie n’est pas un concept flottant…mais une politique de l’État post colonial… ». Affirmation déjà contestable : l’État, comme dit plus haut, a intérêt à s’appuyer sur les religions, tout en prétendant être « laïc ». Il les finance. En même temps, pour justifier ses carences à l’égard des populations les plus pauvres et cacher sa volonté de ne rien changer à l’injustice sociale, il pratique une politique de violence sécuritaire provoquant et excitant les désordres, s’acharnant sur les victimes de sa politique pour mieux faire oublier qu’il en est le seul responsable. Ces victimes, d’origines diverses, principalement étrangères de naissance ou par hérédité, sont issues pour le plus grand nombre des anciennes colonies d’Afrique et de tradition religieuse musulmane. Il est donc facile pour les États utilisant cette main d’œuvre la plus exploitée et la plus pauvre, de la stigmatiser et de justifier sa propre violence, en pratiquant l’amalgame avec les petits groupes terroriste musulmans. Cette attitude de l’État , mise en montre par les médias officiels, fait des émules parmi la partie la plus réactionnaire de la population.

Il est donc surprenant que, dans un article d’un hebdomadaire anarchiste bien connu, on retrouve le même genre de considérations déplacées sur les positions des anarchistes sur la religion mahométane et sur les populations qui la pratiquent. C’est justement parce que nous sommes athées, anti théistes dirait Proudhon, que notre combat contre les religions est lié et n’a de sens que si parallèlement  notre rôle est de privilégier ces populations dans nos efforts d’explications du réel, de démystification et de coopération aux luttes sociales qu’elles mènent.

Alors on s’étonne de lire dans ce journal  que caricaturer une religion est « méprisant » et « raciste » (sic). De même dire que, les musulmans étant un milliard, on devrait feindre d’ignorer le comportement de quelques uns, quelque soit le bien fondé ou l’erreur de leur position, est incroyable. Il est vrai qu’un « canard » satirique condamne le blasphème au delà de un milliard et demi de musulmans et brandit « sa trique » sur la tête des affreux caricaturistes. De même, parler d’une « identité » permettant aux pauvres des pays ex colonisés de « relever la tête » grâce à l’affirmation de leur foi religieuse, est atterrant. Comme si l’identité d’un individu était d’être « le même », identique, simple élément impersonnel du troupeau communautaire. S’agenouiller sur un prie dieu ou à même le sol n’a jamais permis de « relever la tête ».  

Mais tout ceci n’a rien à voir avec une soi disant « généralisation » d’un concept, « l’islamophobie », qui, comme le dit Salman Rushdie, également critiqué, n’existe pas. Quant aux trois pages de l’ « appel » et aux articles de presse, ils ressemblent à une simple logorrhée. Leurs auteurs accusent au hasard et sans explications, sans les citer ceux qu’ils traitent d’islamophobes. Les accusations pleuvent : dix fois celles de racisme, puis celles de connivences, de compromissions, de discours marginal, d’assignation des fils d’immigrés à l’Islam, à la réaction, celles d antisémitisme  blasphématoire…

Enfin, la seule explication plausible à ce délire pourrait être d’ordre social et non religieux. Parmi les travailleurs victimes des mêmes injustices, se trouvent des « croyants » de toute obédience. Leur croyance fait partie de leur intimité, de leur vie personnelle. En tant qu’individu, en tant que personne privée, qu’il soit croyant ou non, chacun a droit au respect et à la défense de sa dignité.  Mais sa religion, sa croyance n’a rien à faire dans le champ social, celui du combat contre les injustices, contre l’exploitation dont il est comme d’autres, victime.
                                                                                                                                  
On peut souhaiter que les auteurs de ces piètres libelles trouvent enfin « leur Chemin de Damas », qu’ils se guérissent de leurs élucubrations et réussissent à se débarrasser de  leur phobie (2) paranoïaque de l’islamophobie.

AZ.  10 octobre 2012

(1) Appel des libertaires contre »l’islamophobie »
(2) Forme de névrose caractérisée par la crainte morbide de certaines idées. (Grand Robert). Cette maladie mentale est invoquée habituellement par les régimes totalitaires pour s’opposer à toute expression d’opinions dissidentes.



























jeudi 4 octobre 2012

JEANNENEY ÉDITE "NI DIEU NI MAîTRE"

A propos de la brochure n°4 LES ANARCHISTES, Ni Dieu ni Maître.

Ce courrier répond à l'article de J N Jeanneney, paru le 15 septembre dans le Monde, et présentant ces anthologies sur l'insoumission et la rébellion.  C'est une critique de cette présentation.  


BON CHIEN CHASSE DE RACE …

Sous le titre peu conformiste « Éloge de l’Insoumission », le journal « Le Monde » présentait le 15 septembre 2012 une  collection, dirigée par Jean Noel Jeanneney, de « dix anthologies originales », intitulée « Les Rebelles ». Le choix d’un ancien secrétaire d’État au commerce sous François Mitterrand, fils d’un ministre d’État du général de Gaulle, s’imposait. Jean Noel Jeanneney avait, en outre, comme grand père, Jules Jeanneney, également ministre d’État officiant pour le même De Gaulle après avoir, en 1940, présidé la séance de l’Assemblée Nationale donnant les pleins pouvoirs à Pétain.

Les « Insoumis », les « Rebelles » allaient être servis. L’État, par le biais d’une honorable dynastie de ministres allait s’occuper d’eux. L’agrégé d’histoire, Jeanneney, allait protéger la patrie, des rebelles. Se révolter, d’accord, mais pas contre l’État, sauf s’il est soumis lui même à un État étranger. Les « éloges » à l’adresse des insoumis allaient être distribués avec parcimonie. Ces résistants des années 40, étaient-ils conscients d’obéir au grand maître auto proclamé du combat contre l’occupant allemand, ce général réfugié à Londres et qui devait devenir « l’homme du coup d’État permanent », le bâtisseur d’une « démocrature », la 5ème république ? Non. Ils étaient, selon leur aventure personnelle dans les FFI, les FTP, l’Armée secrète ou simplement réfractaires au service du travail obligatoire en Allemagne. Pour eux, un général, quelque soit son camp n’est jamais un « insoumis ». Seuls, certains historiens, et surtout les hommes d’État ont besoin d’un Panthéon pour rebelles.

Après les anthologies d’Aubrac,  de Jean Moulin, Jeanneney poursuit : « En attendant de Gaulle ». Il veut  nous mettre l’eau à la bouche. Vous allez voir ce rebelle !
Lorsqu’il parle des révolutionnaires de 1848, ce n’est pas pour évoquer les raisons de leur révolte, mais pour « rendre une pleine fraicheur à leurs enthousiasmes piétinés ». La « pleine fraicheur » des massacres de milliers de parisiens, par le général Cavaignac sous les ordres d’un État assassin. Quant aux anarchistes, ils ne peuvent qu’avoir du sang plein les mains. Ils ont osé prétendre que l’État est, pratiquement toujours, « étranger au droit, indifférent à toute idée morale, un simple instrument de force », selon la formule de Proudhon. Pour ajouter à son ignorance, Jeanneney parle d’un « absolu intellectuel d’un rejet de l’État» qui serait le fondement de l’idéal et du combat anarchistes et qui ne pourrait conduire qu’à « des conséquences sanglantes ». S’il est une philosophie, une morale qui exclut toute référence à un dogme, une transcendance, une idée fixe, c’est bien l’Anarchie. L’État n’est pas sacralisé ; il n’est pas une abstraction. Il est concrètement le fait de gouvernants s’appuyant sur la richesse, la religion et la force pour maintenir le « désordre  établi ». Bourdieu, dans ses conférences au Collège de France sur l’État, soulignait que la longue histoire de l’État centralisateur permettait d’observer la progressive sophistication  de la « Violence physique » (Police, Justice, Armée, Contrôles, Espionnage, Expulsions  etc) mais surtout de constater l’explosion de la « Violence symbolique » qui s’exprime par le formatage des individus acceptant, voire faisant leurs, des règles injustes ou inutiles et devenues ainsi des « idées fixes » indiscutées et universelles parce qu’imposées  par l’État.

 Quant à la chaine conséquente des « serviteurs » de l’État, elle ne fait que s’accroître. En même temps des « économies » sont  annoncées à grand bruit par la suppression de postes garantissant la sécurité et la quasi permanence de l’emploi, liées au statut des fonctionnaires. La précarisation de l’emploi, le nouveau statut « privé » et « flexible » des détenteurs de l’autorité dite « publique » contribue à la dégradation du service aux usagers. Plus insidieusement, elle fait pénétrer progressivement, dans des domaines de la vie intime, privée et sociale sans rapport avec son rôle ancien,  un interventionnisme d’État étouffant toute initiative individuelle libre. Au sommet de ce modèle de domestication étatique, hommes d’État et financiers sont interchangeables. Le « Think Tank », ce char d’assaut de la pensée unique, baptisé « En Temps Nouveaux », est composé de banquiers et d’hommes d’affaires pour les trois quarts. Il n’est pas étonnant que Jeanneney en tant qu’ancien homme d’État, en fasse partie. La soumission des plus défavorisés aux bienfaits du libéralisme est la préoccupation principale et le thème favori des colloques de ces valets du Capital.  

Pour ne pas limiter ses éloges de l’insoumission à des figures connues de la Résistance de 1940 /45, l’honorable historien a déniché Voltaire et son « Affaire Calas », Mauriac l’insoumis familial et son « Famille, je vous hais ! », et enfin Victor Hugo. Ce n’est pas sans une audace rebelle que ce Pair de France, réfugié à Guernesey, osait disserter sur « Napoléon le Petit ». Le même Victor montrait son vrai visage quand il écrivait, dans le journal « Le Rappel » en avril 1871 après les massacres d’État d’Adolphe Thiers sur les Parisiens, lors de la résistance aux Prussiens et de la mise en pratique de l’autogestion anarchiste par la Commune de 1871 : « je suis pour la Commune en principe et contre la Commune dans l’application ».

Qu’une baderne d’État, comme cet ancien secrétaire au commerce se lance dans l’éloge de l’insoumission ce ne peut être qu’un faire semblant, un faire valoir. Restons en aux principes. Fi de leur application ! La « vraie » rébellion doit savoir éviter de s’en prendre à l’État et s’en tenir à des projets de « réforme modérée dans les limites de la loi ».

Camus disait, a propos de ces politiciens de métier et de tradition : " ce sont des hommes sans idéal et sans grandeur". Il notait dans ses Carnets : "Chaque fois que j'entends un discours politique, je suis effrayé de n'entendre rien qui rende un son humain ; ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges".

Et pendant ce temps les assassins d’État poursuivent leurs forfaits. Leurs crimes sont enrobés de discours fatalistes, lénifiant ou agressifs. Hugo qui n’a pas énoncé que des sottises, écrivait dans son roman 93 : « Tant qu’il  y aura des grimauds qui griffonnent, il y aura des gredins qui assassinent ». Griffonner une dizaine d’ « anthologies originales » sur « Les Rebelles » relève du formatage journalistique autant qu’étatique des cerveaux. Sous prétexte de magnifier un vieil épisode de la résistance contre un État étranger envahisseur (avec en prime quelques littérateurs), on masque les réalités d’aujourd’hui qui justifieraient la révolte et l’insoumission à des comportements publics contraires à toute moral et au respect de la dignité de chacun. Un « homme d’État », un certain  L Jospin, pour justifier son aveuglement sur les véritables causes de la misère et du non respect des lois les plus violentes, s’abritait derrière une façade de gredin : il se repentait, pour expliquer son inertie, parlant « d’excuse sociologique ».(1)

Aujourd’hui, pourquoi l’Insoumission est elle nécessaire, voilà le vrai sujet ! AZ 01 10 12

(1) Le Monde du 26 septembre 2012. Débats : Didier Fassin, « Priorité  à l’ordre et obsession sécuritaire… »